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Un bien étrange anniversaire que celui-ci, mon cher journal... Bien que régulièrement éprouvée par les caprices des éléments, notre chère ville de la Nouvelle-Orléans avait été jusqu'ici épargnée par toutes ces histoires de gardiens et le folklore s'y apparentant. Une facétie de la nature sans doute. Notre prévôt en était fort aise, rassuré qu'il était, protégé derrière ses hauts murs et sa milice que jamais rien ne viendrait troubler l'opulence de son éclairée gouvernance. Que les banlieues soient la proie des pillages, que les campagnes soient livrées aux abominations, que les citoyens se serrent la ceinture et se résignent, peu lui chaut ! Tant que sa table est garnie, que sa panse est pleine, que les dollars pleuvent, et que ses amis gloussent de contentement.

Mais l'ambassadeur des sauveurs du monde est formel : un nouvel Eden va être fondé sur le territoire de la prévôté. Déjà, la rue bruit de la rumeur de l'arrivée des hérauts et de leurs premières échauffourées avec la milice. Les déviants, jadis montrés du doigt ou condamnés à la dissimulation, sentent peser sur eux la convoitise des hérauts et de la milice. Et nos chers bénis, nos enfants, n'ont plus à s'exiler tant pour leur apprentissage que pour un Eden lointain. L'avenir est à nos portes, et même si plus personne n'a vu de gardien depuis des années, leur présence rend déjà l'herbe plus verte, l'eau plus claire, l'air moins nauséabond.